Séoul, néolibérale et littéraire

Article publié dans la revue Ideo N°15

Dans l’immédiate après-guerre, la Corée du Sud et plus particulièrement Séoul, entreprirent une politique de modernisation économique entraînant de profonds bouleversements, politiques, urbains, sociaux. La ville se transforma sous l’effet des politiques visant à accélérer la gestion des flux et le développement des échanges marchands. Ces bouleversements de tous ordres impactèrent fortement la vie sociale dont la littérature se fait l’écho, depuis les années 60 jusqu’à présent.

Néolibéralisme, Séoul, littérature, modernisation.

In the aftermath of the war, South Korea — and more specifically Seoul — initiated a policy of economic modernization which caused great political, urban and social upheavals. The city was deeply transformed under the action of politicians looking to accelerate the running of fluxes and the development of commercial trade. Those upheavals of all kinds greatly impacted social life, which literature echoed, from the 60s up until now.

Neoliberalism, Seoul, literature, modernization

Comment s’intéresser au rapport considéré comme incestueux entre littérature et économie politique, plus précisément l’influence du libéralisme sur la ville, et par ricochet, de la ville libérale sur la littérature ?

Dans sa Tentative d’épuisement d’un lieu parisien (1982), Georges Perec depuis la terrasse d’un café place Saint-Sulpice observe puis décrit les moments d’une journée ordinaire, les variations du temps, les faits insignifiants de la vie. Cette tentative, pour tout dire désespérée, serait bien difficile à voir le jour à Séoul, d’abord parce que les places au sens européen du terme, ne sont pas nombreuses, ce qui est déjà une indication de la forme des déplacements et rassemblements dans la ville ; puis, parce que le fourmillement séoulien est tel que l’abeille observatrice y perdrait son sens de l’orientation.

Parler de Séoul, c’est d’abord parler d’une ville en mouvement, construite sur le mouvement. Séoul pourrait bien être l’idéal-type de la ville liquide au sens où Zygmunt Bauman entend le concept de liquide, c’est-à-dire « une succession de nouveaux départs », une série de « nouveaux commencements »[1]. Plus que tout autre mégapole, Séoul s’est construite sous la pression, pression de la fin de guerre, pression de la modernisation, pression de l’habitat, pression du commerce…

L’urbanisation néo-libérale se marque dans les années 70-80 par le passage d’une ville de la demande à une ville de l’offre[2]. La ville se caractérise alors par une grande variété de flux[3], humains, financiers, marchandises, déchets. Les principes d’innovation et de circulation sont au cœur du processus néolibéral. Pendant des siècles, le propre de la pensée politique a été d’orienter le fonctionnement du social vers les institutions[4]. Le projet néolibéral au contraire érige le marché en principe organisationnel de la société. L’État reste très présent mais en tant que promoteur des mécanismes de marché.  La modernisation de Séoul débuta dans les années 1960, puis une accélération de cette modernisation eut lieu dans les années 1970. En quelques années, sous la poussée autoritaire du général Park Chung-hee 박정희 (1917-1979), Séoul quasi détruite après la guerre fut modernisée dans la perspective de devenir une vitrine de la volonté coréenne de prendre une place dans le concert mondial des nations. La Séoul moyenâgeuse, puante, entourée de décharges publiques ou privées laisse la place à des constructions susceptibles d’accueillir, entre 1965 et 1979, les 9000 nouveaux habitants par jour. Comment alors penser le développement à long terme ? L’aveu vient de Son Jung-mok 손겅목 chargé de la planification urbaine dans les années 1970, dans une interview : « La question était d’offrir à tous ces gens des conditions de vie décentes. Nous n’avions pas le loisir de penser à une vision de ce développement à long terme »[5] ; ce que confirme à sa manière l’auteure Choe Yun 최윤 (1953-) :« J’entends souvent dire que Séoul s’est bâti sans projet au cours du processus de modernisation, qu’on ne peut pas voir le vrai visage de Séoul, tant la ville est couverte de buildings identiques. C’est vrai. »[6]

De la Séoul des décharges…

Une partie de Séoul a été construite sur d’anciennes décharges publiques qui certes pourrissaient la vie des habitants proches mais qui paradoxalement donnaient du travail à des groupes sociaux très pauvres. Il y a là tout un symbole : la modernité s’est construite sur des ordures. En quelque sorte, une coprophagie politiquement organisée. Trois auteurs de générations différentes le disent ainsi : Hwang Sok-yong 황석영 (né en 1943) « Jusque-là, personne n’avait été incommodé outre mesure par l’odeur des ordures, mais au fur et à mesure que le camion gravissait la pente, une puanteur infecte et inexplicable les agressait de plus en plus. … c’était un remugle nauséabond, mixture de vidange de fosses septiques, d’égouts, de restes de nourriture avariée de sauce de soja mijotée ou brûlée… »[7]; Lee Chang-dong 이창동 (né en 1954) : « Il s’était tout de suite demandé comment il se pouvait qu’un tel endroit porte un nom aussi poétique, aussi noble et la réponse ne lui était pas encore venue. Cette odeur ressemblait à celle des tas d’ordures, à celle des égouts municipaux, ou bien à celle des eaux d’usine usées. Une puanteur était en tous cas parfaitement identifiable, celle de la merde »[8]; Pyun Hye-young 편혜영 (née en 1972) :« Le quartier aménagé à la périphérie de la capitale Y, occupe une île à l’origine un simple banc de sable au milieu du fleuve dont on a remblayé le terrain à l’aide d’énormes quantités de déchets domestiques et industriels »[9].

…à l’extension de Séoul et aux apate tanji

Dans les années 1960, La Corée se dote d’une structure industrielle globale, susceptible d’assurer à la fois la sécurité du pays sur la scène mondiale et son développement économique. « Le miracle du fleuve Han », ainsi que le nomme le récit national, marque le passage d’une Corée quasi féodale au libéralisme qualifié de « à sens unique » par Ah Young-chool[10] . Avec l’extension de la ville au sud du fleuve Han et l’irruption de l’habitat collectif, dans les années 1970, le sud de Séoul vit fleurir des grands ensembles modernes (apate tanji 아파트 단지)[11] et confortables tandis que le nord de Séoul (Gangbuk 강북) se voyait délaissé et poursuivait son extension sous forme d’habitat unifamilial. Cette mutation foncière, dans ce qu’elle entraîne d’uniformisation de l’habitat mais aussi des classes sociales, est illustrée dans la nouvelle de Choe Sehui 조세희 (1942-) :

Au numéro 303 habite un ancien professeur. […] Il aime les institutions. […] même s’il gagne beaucoup d’argent, il ne paie pas d’impôts.
Les enfants du numéro 403, qui se trouve au-dessus, se nourrissent bien eux aussi et grandissent bien. Leur père gagne beaucoup d’argent et ne paie pas d’impôts. Il est artiste.
Les amis du numéro 503 […] sont naïfs […] ils ne savent pas mentir […]. L’homme du numéro 503 est une sorte d’ignorant.  Il paie régulièrement ses impôts.
Le propriétaire du numéro 903 est un économiste dont le diplôme est douteux, selon lui, plus les gens ont gagné de fortunes immenses par fortune ou par chance, plus ils les ont accumulées de façon malhonnête, plus ils dépensent bassement leur argent.[12]

Les JO de Séoul en 1988 donnèrent une nouvelle justification pour répartir le foncier suivant la division classique maintes fois observée dans bon nombre de capitales : au centre, les équipements favorisant la plus-value, à la périphérie la création de villes nouvelles susceptibles d’accueillir les classes basses à moyenne, libérant ainsi l’espace dont le commerce a besoin ; quitte à ce que les familles les plus pauvres s’endettent pour suivre le rythme imposé. On en trouve une illustration dans le court roman de Choe Sehui :

Objet : ordre de démolition des habitations en zone de rénovation : Vous devez avoir détruit le logement ci-dessous mentionné au plus tard le 30 septembre 1975, en vertu de l’article 15 de l’arrêté municipal. […] en cas de non-application de cette décision à la date prévue, la loi nous autorise à procéder à la démolition à vos frais.[13]

Des rapports sociaux bouleversés

Il y avait en 1950 648 432 habitants, en 2022 9 976 000. Le foncier fut modifié, et l’État privilégia cette extension en favorisant les catégories les plus aisées pour s’installer au sud de la ville, Gangnam où les incitations contribuèrent à édifier un discours idéologique insistant sur l’importance de créer une ville moderne[14]. La proximité sociale que favorisent les maisons horizontales a laissé la place à la solitude provoquée par les maisons verticales des grandes tours. Séoul se transforme et dans l’anomie consécutive un autre élément mérite d’être pris en considération dans cette nouvelle ville, l’alcool. On boit beaucoup en Corée depuis la tradition classique. À partir des années 1960, l’alcool devient un antidote face à la douleur des mutations. L’alcool devient cathartique et pallie autant la solitude que la dureté de la vie dans la ville nouvelle :

Séoul est le point de rassemblement de toutes les ambitions, vous le saviez ? […] j’ai eu plusieurs fois l’occasion de passer des moments intéressants avec des gens dont j’avais fait par hasard la connaissance en buvant, mais en général pas avec des gens insistant d’une voix aussi dépourvue de force.[15]

Ou encore, dans la nouvelle de Lee Jee-ha :

– Ne bois pas tout seul, on va boire ensemble. On dirait que tu te sens seul ? Vrai ? Tu te sens fatigué ? Eh! L’Humaniste ?
– Je n’ai pas répondu. Me poser cette question, si je me sentais seul. C’était d’une maladresse. J’ai rempli son bol.[16]

L’ancienne Séoul concentrée autour des palais royaux est désormais une ville-monde entraînant dans le même mouvement la solitude propre aux grandes villes. Les rues s’élargissent, les flux s’accélèrent, le Séoul des traboules et des ruelles a laissé la place aux grandes avenues, encore fréquentables au nord, déshumanisées au sud. Le commerce y est roi. Les rues semblent avoir été faites pour supporter les enseignes commerciales, accentuant l’effet de solitude ressentie, par exemple par le poète Choi Seung-ho 최승호 (1954-) :

– Excusez-moi pour cette histoire déprimante mais je ne pouvais pas supporter de rester sans parler à quelqu’un.
– J’ai peur de rester seul a-t-il dit en tremblant,
– Ça va être l’heure du couvre-feu.[17]

Ou encore :

Toute la journée le téléphone sonne quatre ou cinq fois.
Il ne parle pas je n’entends que ma voix […]
Même à la maison même au bureau le téléphone sonne de l’autre côté ça ne parle jamais que je sois là ou pas ça ne fait qu’écouter.[18]

Nostalgie et consommation

Séoul change de visage et entraîne consécutivement un double mouvement, paradoxal : le regret d’un passé dont on fait table rase. « Le Séoul que j’aime ne se trouve ni dans les grands boulevards, ni dans les buildings remplis de bureaux mais dans ses ruelles. Le vrai Séoul où on ressent les bruits de la vie anodine et ses drames. »[19]La propension des Coréens, et au-delà sans doute des Asiatiques, à ne pas s’embarrasser de ce qui a vécu, à ne pas conserver, quitte à devoir patrimonialiser plus tard, s’accompagne d’une frénésie de constructions neuves. On n’hésite pas à détruire l’ancien, reflet d’une histoire dont plus personne ne veut. Qui ne se rend à Séoul que deux ou trois fois l’an est frappé par les mutations extrêmement rapides de l’environnement. « Un jour, je me suis dit que pour moi il n’y aurait plus de joie dans ce monde. Mes proches mourraient, les rues de mon quartier se transformeraient et tout ce que je chérissais disparaîtrait. N’est-ce pas étonnant de survivre grâce à ce qui n’existe plus. »[20]Ce que confirme David Tredler[21] dans le documentaire déjà cité :« Quelle est la place de l’humain dans un pays où l’endroit où on grandit est souvent amené à être détruit ». Industrialisée tardivement, la Corée dut rattraper son retard avec l’aide américaine. Stratégie oblige, c’est vers l’exportation que se tourna la Corée, avec l’obligation de séduire à l’international (Ha, 2014). Naturellement, Séoul se voulut séduisante, en offrant le visage d’une ville capable de rivaliser avec les grandes mégalopoles du monde.La ville néolibérale c’est aussi la ville centrée sur la stimulation de la demande. Il ne suffit pas que l’offre soit abondante, il faut que la demande permette régulièrement l’écoulement des stocks :« De même, les habitants de ce quartier, qu’ils soient jeunes ou âgés, ne semblent pas voir d’un bon œil cette ambiance commerciale créée depuis quelques années »[22].

Désir et consommation

Que seraient les flux, les marchandises, les magasins, sans le désir des humains, et les désirs des humains sans la publicité ? La publicité, qui est un des moteurs du désir de consommer, se développa dans les années 1960, sous une forme certes primaire mais que les écrivains dénoncèrent aussitôt. Ainsi Kim Seung-ok 김승옥 (1941-) encore : « Dans une publicité pour un médicament collée sur un poteau, une jolie fille nous regardait avec un sourire triste, l’air de dire « j’ai froid mais que puis-je faire ? »[23]. Ou encore Choi In-ho 최인호 (1945-2013) : « Les gens qui l’engageaient était difficiles à contenter. Ils exigeaient que la vente de leurs nouveaux produits s’envole, grâce à une forte impression exercée sur les consommateurs. […] C’était une guerre. La publicité était une guerre »[24].Les politiques de modernisation de l’économie coréenne eurent pour effet de stimuler la demande et favoriser l’avènement de la consommation de masse : « Écoute bien, juste après les soldes de fin d’été viennent les soldes des nouveautés d’automne. Ensuite, les soldes de Chuseok… les soldes d’adieu à l’automne… les soldes de la première neige d’hiver… les soldes de Noël… les grandes soldes de fin d’année… les soldes du Nouvel An… Voilà un peu le cycle »[25].Ou encore Kim Ae-ran 김애란 (1980-) : « Cette année-là, en 2003, les habitants de Séoul étaient préoccupés par une question majeure, aussi décisive que le salut de l’âme : nouer des habitudes. Au terme de leurs recherches, des individus au visage blême répondirent à cette question primordiale en érigeant des libres-services. Ces épiceries qui ne ferment jamais poussèrent alors comme des champignons »[26].Quitte à ce que les gens s’endettent par des activités frauduleuses comme la vente pyramidale : « Contrairement à l’air gentil et inoffensif que sa fatigue lui confère, Yi Su-ho n’est pas un homme bon. Plus précisément c’est parce qu’il ne l’est pas qu’il est épuisé. Il tourmente ses débiteurs sans relâche. Il se moque ouvertement des gens qui, après une vie de dur labeur, n’ont rien accumulé d’autre que des dettes »[27].

L’irruption du désir en Corée

La ville néolibérale est le lieu de production de désirs nouveaux. Un désir sans objet que sa propre longévité, une immanence du désir en quelque sorte. Pour reprendre les propos de Deleuze et Guattari (1972), le plaisir n’est pas la norme du désir, il n’est pas sa finalité. La finalité du désir c’est le désir lui-même, comme forme du « persévérer dans son être » (Spinoza). Séoul devient la scène du désir pour « machines désirantes ». Le désir devient alors une figure centrale des agencements (Deleuze), ou du dispositif (Foucault), soit une combinaison de discours, de formes, d’architectures, d’urbanisme, visant à élaborer une idéologie du développement et au-delà de cette idéologie, une forme de contrôle social.

La force du libéralisme est de ne jamais laisser un espace de la vie non marchandable. Ainsi tous sujets, toutes institutions, toutes formes du vivant doivent passer par les fourches caudines de la financiarisation de la vie. La première et dernière propriété personnelle, le corps est lui aussi soumis à la loi de l’offre et de la demande ; en ce sens, séduction obligatoire, il s’offre comme un média : les critères esthétiques ont pris une place importante dans la vie des Séouliens, plutôt des Séouliennes, et le quartier de Gangnam est devenu le haut lieu mondial de la chirurgie esthétique.

Elles se regardent dans le miroir et disent « mes yeux, c’est pas mal mais mon front et mon menton, c’est moins satisfaisant… » ; « sous cet angle, ma tête n’est pas mal mais le problème ce sont mes mollets » ; « je trouve mes lèvres assez charmantes mais elles ne vont pas très bien avec mon nez » ; « de toutes les façons, je dois absolument cacher mes seins » ; « au fond, je me trouve acceptable mise à part la rondeur de mes bras et de mes cuisses » ; « tout le monde envie ma silhouette mais j’ai peur qu’on finisse par découvrir que les talons hauts masquent mes orteils de salamandre… » ; « moi, c’est un raté total, mais il y aura sans doute quelqu’un pour remarquer ne serait-ce que mon nez qui n’est pas trop mal » ; « si je maigrissais un peu, j’aurais un joli visage, et pour ma petite taille, il y a des chaussures qui peuvent m’aider ». Voilà la vie des femmes ordinaires.[28]

Ou encore Kim Miwol 김미월 (1977-) : « Ce qui m’avait le plus surpris quand je l’avais épousée, c’était la quantité de produits de beauté dont une femme a besoin. Les lotions, les émulsifiants et les démaquillants, ça d’accord. Les essences et les sérums, passe encore. Mais toutes ces crèmes, ça me dépassait »[29]. Marchandisation des corps, marchandisation de la sexualité, rien n’échappe au néolibéralisme : « Cette population fortunée qui règne sur les nuits de Gangnam se livre à des actes sexuels pervers, consomme des stupéfiants et se laisse même aller à un certain degré de violence, en dépensant sans compter. Car l’argent est là pour tout arranger »[30].Chez Eun Hee-kyung 은희경 (1959-) : « L’un d’eux a raconté qu’il pratiquait assidûment une forme de drague qu’on appelle One night stand, qui consiste à lever une fille juste pour la nuit. En se vantant d’imputer les frais sur sa carte professionnelle »[31].

Séoul semble avoir engagé une course contre une montre qui aurait perdu ses aiguilles. C’est sans doute le paradoxe le plus frappant dans la ville. Séoul bruit le jour et la nuit dans le tourbillon qu’elle auto-alimente, il n’y a pas de place pour l’arrêt, la suspension, le repos. On ne promène pas dans Séoul, on y erre. À Séoul tout se vend tout s’achète, la nuit le jour. La ville s’est orientée vers un capitalisme à sens unique mais curieusement dans la débauche de désirs qu’elle offre, elle semble s’être privée du plaisir.  Commercer n’est pas jouir. Cependant, on ne saurait nier que Séoul dispose d’un capital sympathie maintes fois attesté et que David Tredler résume de cette façon : « Séoul est une ville complètement fascinante. Elle est tellement grande, tellement vivante en permanence, tellement noire de monde… Et en même temps elle dégage un étrange sentiment de sérénité, d’apaisement »[32].

Laissons la conclusion aux écrivains

« Tout en Corée n’est que pleurs, pleurs magnifiques. Pour nous, ce qui est triste est supérieur ; la tristesse incite à aller de l’avant »[33],

dit Mia Yun (1956-). Et Yun Dae-nyeong 윤대녕 (1962-) de renchérir :

Qui sait ? L’année prochaine, si j’interromps mes études, je pourrai peut-être attendre un enfant, je n’aurai pas d’autre choix. Je m’ennuie et vis dans l’angoisse. Les autres connaissent aussi ces conditions de vie.
– Sans aucun doute.
– Donc vous pensez que je fais partie des gens heureux ?
– Pouvoir choisir entre le bonheur et le malheur est déjà en soi une affaire qui concerne l’élite, n’est-ce pas ?[34]

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Auteurs et œuvres littéraires cités

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Choe Sehui, La petite balle lancée par un nain [난장이가 쏘아올린 작은 공 Nanjangiga ssollin chageun kong (1978)]. Traduit du coréen par Choe Yun et Patrick Maurus. Arles : Actes-sud 1991.

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Eun Hee-kyung, « La beauté me dédaigne » [아름다움이 나를 멸시 한다 Areumdaoumi nareul myeolsi handa (2007)],in Cocktail sugar et autres nouvelles de Corée. Traduit du coréen par un collectif sous la direction de Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. Paris : Zulma, 2011, pp. 127-179.

Hwang Sok-yong, Toutes les choses de notre vie [낯익은 세상 Natikeun sesang (2011)]. Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. Arles : Picquier, 2018.

Ju Won-kyu, Made in Gangnam, (2019). Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Catherine Biros. Arles : Picquier, 2021.

Kim Ae-ran, Ma vie dans la supérette, in Cours papa, cours [달려라 아비 Dallyeora abi]. Traduit du coréen par Kim Hye-gyeong et Jean-Claude de Crescenzo. Fuveau : Decrescenzo éditeurs, 2012.

Kim Miwol, « Hôtel Plazza », in Nouvelles de Corée, traduit par un collectif de l’Académie de traduction du Literature Translation of Institute Korea, revue Brèves, N°105, (non daté), pp. 9-45.

Kim Sung-ok, Séoul, hiver 64 [서울, 1964 년 겨울 Seoul nyeon 1964, kyeoul (1965)]. Traduit du coréen par Patrick Maurus. Arles : Actes Sud, 2002.

Kim Yeonsu, « La boulangerie-pâtisserie de New York » [뉴욕 제과점 New York jekwajeom], in Corée des villes, Corée des champs, (2002). Traduit du coréen par Kim Jeong-hyeon et Suzanne Salinas. Fuveau : Decrescenzo éditeurs, 2015, pp. 159-192

Lee Chang-dong, Nokcheon [녹천에는 똥이 많다 Neokchheong ddongi manhda (1992)]. Traduit du coréen par Kim Kyunghee, Lee In-sook et Stéphane Coulon. Paris : Le Seuil, 2005.

Lee Jee-ha, « Le chien jaune »[황색의 개 Hwansaekui kae],in Régime végétarien [초식 Chosik (1992)]. Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. Paris : Zulma 2005, pp. 7-19.

Park Min-kyu, Pavane pour une infante défunte [죽은 왕녀를 위한 파반느 Choukeun wangnyeoreul uihan pabane (2009)]. Traduit du coréen par Hwang Ji-young et Jean-Claude de Crescenzo. Fuveau : Decrescenzo éditeurs, 2014.

Perec, G., Tentative d’épuisement d’un lieu parisien. Paris : Christian Bourgois, 1982.

Pyun Hye-young, Cendres et rouge [재와 빨강 Chewa ppalkang (2010)]. Traduit du coréen par Lim Young-hee et Françoise Nagel. Arles : Picquier, 2012.

Pyun Hye-young, La loi des lignes [선의 법칙 Seonui popchik (2015)]. Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Catherine Biros. Paris : Rivages, 2021.


[1] Bauman, Z. La vie liquide, Paris : Fayard, coll. « Pluriel », 2013, p. 9.

[2] Hackworth, J. The Neoliberal City: Governance, Ideology, and Development in American Urbanism. Ithaca : Cornell University Press, 2007, cité par Gilles Pinson, La ville néolibérale. Paris : Presses Universitaires de France, 2020, p. 51.

[3] Pinson, G., La ville néolibérale. Paris : Presses Universitaires de France, 2020.

[4] Martuccelli D., La société singulariste. Paris : Armand Colin, 2010.

[5] Ecology in concrete, documentaire de Jeong Jae-eun, 2017.

[6] Choe Yun, Les ruelles de Myeongryundong (1999), in Poétique de la soif, traduit du coréen par Choe Yun et Patrick Maurus. Arles : Actes Sud, 2002, p. 207.

[7] Hwang Sok-yong, Toutes les choses de notre vie (2011). Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. Arles : Picquier, 2018, p. 6.

[8] Lee Chang-dong, Nokcheon (1992). Traduit du coréen par Kim Kyunghee, Lee In-sook et Stéphane Coulon. Paris : Le Seuil, 2005, p. 11.

[9] Pyun Hye-young, Cendres et rouge (2010). Traduit du coréen par Lim Young-hee et Françoise Nagel. Arles : Picquier, 2012, p. 13.

[10] Ha Yung-chool, « L’évolution historique de la Corée du sud en tant que puissance intermédiaire », L’Esprit du temps, 2014/2, N°39, pp. 243-252

[11] Résidence d’appartements.

[12] Choe Sehui, L’usine des espoirs de l’homme du n° 503, in Ce n’est pas la faute de Dieu (1983). Traduit du coréen par Yang Jung-hee et Patrick Maurus. Paris : L’Harmattan, 2006, p. 72.

[13] Choe Sehui, La petite balle lancée par un nain, (1978). Traduit du coréen par Choe Yun et Patrick Maurus. Arles : Actes Sud, 1991, p. 10.

[14] Gelezeau, V., Séoul ville géante, cités radieuses. Paris : CNRS éditions, coll. « Asie orientale », 2003.

[15] Kim Sung-ok, Séoul, hiver 64, (1987) in Passeport pour Séoul, visite et aperçu littéraire proposés par P. Maurus. Arles : Actes Sud, 2001, p. 111.

[16] Lee Jee-ha, Le chien jaune in Régime végétarien (1992). Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. Paris : Zulma, 2005, p. 10.

[17] Kim Seung-ok, Séoul, hiver 1964, in Op. cit.

[18] Choi Seung-ho, Séoul du masque in Passeport pour Séoul, visite et aperçu littéraire proposés par P. Maurus. Arles : Actes Sud, 2001, p.162.

[19] Choe Yun, Les ruelles de Myeongryundong in Passeport pour Séoul, Traduit du coréen sous la direction de Patrick Maurus. Arles : Actes Sud, 2002, p. 208.

[20] Kim Yeonsu, La boulangerie-pâtisserie de New York, in Corée des villes, Corée des champs. Traduit du coréen par Kim Jeong-hyeon et Suzanne Salinas. Fuveau : Decrescenzo éditeurs, 2015, p. 189.

[21] Chef programmateur du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP), lors du festival 2018.

[22] Choe Yun, Les ruelles de Myeongryundong. Op. cit., p.209.

[23] Kim Seung-ok, Séoul, hiver 1964, in Op. cit.

[24] Choe Inho, La tour des fourmis. Traduit du coréen par P. Maurus. Arles : Actes Sud, 2006, p. 29.

[25] Park Min-kyu, Celle que j’aimais. Traduit du coréen par Hwang Ji-young et Jean-Claude de Crescenzo. Fuveau : Decrescenzo éditeurs, 2014, p. 87.

[26] Kim Ae-ran, Ma vie dans la supérette. Traduit du coréen par Kim Hye-gyeong et Jean-Claude de Crescenzo. Fuveau : Decrescenzo éditeurs, 2012, p. 29.

[27] Pyun Hye-young, La loi des lignes. Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Catherine Biros. Paris : Rivages, 2021, p. 69.

[28] Par Min-kyu, Celle que j’aimais. Traduit du coréen par Hwang Ji-young et Jean-Claude de Crescenzo. Fuveau : Decrescenzo éditeurs, 2014, p. 168.

[29] Kim Miwol, Hôtel Plazza, in Nouvelles de Corée. Traduit par un collectif de l’Académie de traduction du Literature Translation of Institute Korea, revue Brèves, N°105, (non daté), p. 25.

[30] Ju Won-kyu, Made in Gangnam, (2019). Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Catherine Biros. Arles : Picquier, 2021, p. 24.

[31] Eun Hee-kyung, La beauté me dédaigne, in Cocktail sugar et autres nouvelles de Corée. Traduit du coréen par un collectif sous la direction de Choi Miyung et Jean-Noël Juttet. Paris : Zulma, 2011, p. 141.

[32] Interview dans Ecology in concrete, op. cit.

[33] Mia Yun, Les âmes des enfants endormis. Traduit de l’anglais par Lucie Modde. Paris : Denoël, 2016, p. 40.

[34] Yun Dae Nyong, Les amants du Coca-Cola Club (1999). Traduit du coréen par Byung Jeon-won, André Lee, Georges Ziegelmeyer. Paris : L’Harmattan, 2003, p. 55.


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